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 À tout ce qu'on a manqué [ft. Holguin J. Faust]

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MessageSujet: À tout ce qu'on a manqué [ft. Holguin J. Faust]   À tout ce qu'on a manqué [ft. Holguin J. Faust] EmptyLun 28 Sep - 5:45





♪♫


À tout ce qu'on a manqué
Faust & Miguel

Franchement, je n’y ais pas été de mains mortes. Et j’en suis pas peu fier, de ce repas qui nous remplit lentement l’estomac. Depuis le temps que nous remettions cette soirée pénarde, je n’allais tout de même pas nous gratifier d’un simple spaghetti gratiné, garnit de tomates et de basilic. J’ai sorti le grand jeu, histoire d’amadouer la faim de l’homme et de pousser l’égo à relancer une de nos vieilles manies. Un sourire pointe au coin de ma bouche lorsque je repense à ces années passées. Anciens colocataires, nous ne manquions aucune occasion pour reprendre l’autre et le surpasser autant que nous le pouvions. Puisque nous étions doués en cuisine, il en était ainsi pour les repas. Reprendre l’autre jusqu’à ce qu’il capitule était une partie de plaisir malin que nous remettions souvent.

-Ne vas surtout pas avouer que c’est délicieux, me moquais-je en piquant de ma fourchette l’une des dernières bouchées de salade.

Poitrines de poulet aux pommes et confit d’oignons, accompagné d’une salade bien garnie de légumes et de fromage. Et entre nous, longeant le rebord de la table taillée dans le bois, se dressent quelques corps morts; six bouteilles de bières vides, alors que deux autres nous tiennent compagnie pour le souper. Celui-ci tire à sa fin, mais je me doute que tu ne partiras pas en sauvage. Pas après que nous ayons enfin trouvé un moment propice dans nos horaires de dingue pour se voir. Après, peut-être que j’y accorde trop d’importance. Mais j’aime me répéter que tu tiens assez à moi pour me casser les pieds et endurer mes sentiments silencieux, ce qui doit sûrement te paraître comme de vulgaires sauts d’humeur depuis belle lurette. Encore heureux que tu ne m’ais pas comparé à une femme en semaine rouge. Remarque… Te connaissant, ça ne saurait tarder.

-Ça me manquait de te voir t’empif-

Mon cellulaire, resté docilement sur le comptoir, se met à vibrer violement. Nothing else matters retentit à mes oreilles, alors que je me lève déjà de table en m’excusant poliment. Les vieilles habitudes maniérées ne m’ont toujours pas quitté, mais ça, je me doute que tu y sois habitué après toutes ces années.

-Je disais donc, reprenais-je en fermant mon cellulaire après un bref coup d’œil au nom de l’appelant, que ça me manquait de te voir t’empiffrer comme un gamin de quinze ans en plein tripe-bouffe.

Un sourire taquin éclaire mon visage et je glisse l’appareil dans un coin du comptoir avant de reprendre place à la table. Nina devait s’ennuyer à son cours de danse du vendredi soir et me prendre comme plan B devait être une délicieuse tentation pour elle, comme pour moi. Toutefois, je préfère de loin passer une soirée avec toi, à discuter de tout et de rien, à parler de notre vieillesse et à ressasser le passé. Mais pas trop. Parce que plonger de nouveau dans les souvenirs douloureux, c’est horrible pour ma conscience. Déchirant pour mon cœur. Et plus que tout, ça fortifie cette culpabilité que je ressens depuis longtemps. Un jour, je te dirai la vérité. Peut-être sur ton lit de mort, peut-être sur le mien, mais je le ferai.

C’est un premier coup de tonnerre grondant au-dessus de nos têtes qui annonce le début de la tempête.  Pluie, éclairs et tonner étaient annoncés pour la soirée, empiétant jusqu’à cette nuit. L’aire ouverte de la maison me permet de voir les premières gouttes s’affaisser contre la grande fenêtre du salon. Voilà qui marque bien la fin de l’hiver péruvien d’octobre. Quoi qu’il en soit, rien à voir avec les quatre saisons de l’Amérique du Nord.      


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Holguin J. Faust

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Holguin J. Faust
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MessageSujet: Re: À tout ce qu'on a manqué [ft. Holguin J. Faust]   À tout ce qu'on a manqué [ft. Holguin J. Faust] EmptyJeu 1 Oct - 4:44

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Ça faisait effectivement longtemps que je n'étais plus venu ici. Depuis combien de temps travaillais-je déjà à ses côtés ? Assez pour que j'en oublie le temps qui finissait par s'écouler. Cet endroit, je le connaissais bien. Il était toujours là pour m'accueillir et je faisais exprès de bien m'installer, balançant ma veste dans le canapé, puis ma cravate de l'autre. Après tout, je n'avais jamais réellement apprécié porter ces vêtements pour plus de quelques heures. Enfin, on s'y faisait avec le temps. Mais maintenant, je pouvais me reposer, oublier quelques tracas tout en passant une bonne soirée avec ce bon vieux Phebus. Ah, qu'il détestait toujours autant ce prénom que je m'efforçais à lui rappeler jour après jour, je ne m'en lassais pas ! C'était tellement jouissif, de le voir ainsi froncer les sourcils, avant d'entendre à nouveau une de ses piques désagréables, mais qui, au final, me plaisait bien. Il m'avait manqué, ce vieux grisonnant. Surtout après les multitudes de saloperies qui m'étaient tombées sur la gueule. Ah, que ça faisait du bien de boire un coup, de siroter ce doux nectar qu'il m'avait servit tout en engloutissant les quelques morceaux de poulet qui m'attiraient du coin de l'assiette. Je piquais dedans, avec un air songeur sur le visage.

« Mh ? » que je grognais, relevant mon regard vers mon interlocuteur, arquant un sourcil.

C'est vrai que c'était bon. Il cuisinait bien, peut-être mieux que moi. Enfin, non pas que je ne savais pas me débrouiller, loin de là ! Je pense d'ailleurs que sans certains de ses précieux conseils, je ne serais pas là où j'en suis aujourd'hui. Je savais désormais me servir d'une gazinière, d'un four et plus encore. C'était que j'en était fier, en plus. Peut-être que la prochaine fois, ça serait à mon tour de lui offrir un repas digne de ce nom ? Enfin, sans oublier le fait que je ne pourrais certainement plus l'inviter chez moi sans que l'autre abruti ne soit partit ou qu'il soit tout simplement encore au boulot. Ce que j'aimerais lui retourner la situation et lui rendre la pareille, à ce taré. C'est ainsi que je me plongeais dans mes pensées, sentiments qui se bouleversaient en tout genres alors qu'il m'avait posé une « question ». Enfin, en était-ce réellement une ? J'avais remarqué également que j'avais fini par baisser les yeux, alors je les remontais par la suite, avalant cette bouchée que je finissais de malaxer de mes dents. Tout ce qu'il faisait avait le don de raviver mes papilles gustatives, ce rustre connaissait mes goûts et savait où appuyer pour que je finisse totalement absorbé par mon assiette.

« De toute façon, dis moi seulement une fois où ton plat était dégueulasse ? »

Je me redressais un peu à la manière d'un homme de Cro-Magnon, ceux qui, autrefois étaient tant courbés. J'étais un peu pareil, pour le coup, ça devait être ridicule. À vrai dire, j'avais mal. Surtout depuis la « soirée » dansante avec un certain Russe. J'écoutais alors les paroles de mon bon vieux camarade, chassant les idées noires qui affluaient dans un creux de mon crâne, celles qui voulaient engluer le reste de mes neurones, celles qui me disaient de me relever après un tel échec. Jusqu'à ce que son téléphone ne vienne à sonner. Piquant les légumes les uns après les autres, je réfléchissais. J'attendais qu'il revienne, espérant qu'il ne traîne pas trop afin de pouvoir oublier ces choses qui me rendaient confus. La seule chose qui était plus ou moins rassurante, c'est que ma chemise gardait ces marques invisibles à la population. Les seules personnes qui se trouvaient être au courant étaient mon chat et ma propre personne. Bon, y avait lui aussi, mais ça, c'était un cas à part. Ah, il ne répondrait pas ? Tant mieux. Non pas pour la personne au bout du fil, mais tout simplement parce que j'avais besoin de me changer les idées, besoin de quitter ce monde des ombres et de revenir un peu dans le passé, celui que je partageais avec ce bon vieil ami qui était toujours là pour m'épauler.

« Hé, ça montre au moins que ta bouffe est pas si ignoble que ça. »

Je lui lançais une pique, tout simplement par habitude. Mon regard se faisait un peu plus vivant, appréciant qu'il revienne avec son mordant habituel. Il n'avait pas daigné changer, hein ? Ça faisait du bien, en effet. Les quelques cadavres de bouteilles déjà bien entamées m'avait également fait du bien. Elles étaient là pour m'aider, accompagnées de ce bon p'tit remontant nommé Miguel. Ça avait l'effet de mille médocs, ça. Tout du moins, pour mon cas. Piquant dans le dernier morceau de viande, je tendais la fourchette vers l'avant, comme pour le pointer.

« Et fais gaffe, la prochaine fois, c'est moi qui fait la cuisine. On verra qui rira l'premier. J'suis sûr que j'pourrais t’épater! »

Et mon regard se pointait vers la fenêtre, mon bras restant figé au milieu du vide tandis qu'un soupir se frayait un passage entre mes lèvres. Ah. C'était fou ce que j'avais envie de rentrer maintenant. Mh. Je lui jetais un regard par la suite, faisant presque la moue en plissant ma lèvre inférieure. Je lui tirais la langue, avant de reprendre la suite de mes paroles, les éclairs tintant le ciel de cette couleur blanche. Le bruit déchirait le ciel, venant combler mes tympans. J'avais toujours apprécié ce son, malgré les quelques personnes que je connaissais qui flippaient tout simplement à l'entente de ce bruit. Je le trouvais rassurant d'une manière ou d'une autre. Il avait tendance à m'apaiser, mais dans tous les cas, je n'avais pas envie de me retrouver dehors par un temps de chien pareil. Et encore moins en sachant ce qui m'attendait. Non pas que j'avais la trouille, mais je préférais ne pas à avoir à rencontrer ce mastodonte qui partageait les mêmes murs que moi.

« En fait, j'me glisserais bien juste dans ton lit pour cette nuit, tu vois. Le temps qu'il fait me donne réellement pas envie d'rentrer. »



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