Des habits souvent sombres pour se cacher dans la pénombre d'une ruelle, une posture droite, une façon élégante de se tenir et un regard totalement absent soutenu par des lunettes qu'il garde depuis petit à cause de sa myopie ou encore les nombreuses tâches de soleil éparpillaient tantôt ici, tantôt là. Judas est une personne qui n'a rien à voir avec l'ordinaire. Il n'est pas spécial, loin de là, mais son regard perle à la lueur volage lui donne ce petit quelque chose que personne d'autre ne peut avoir ainsi que son air figé dans le temps sans aucun sourire, sans aucune fossette, de marque de joie ou de tristesse.

Qu'est-ce qu'il y a de plus à dire sur notre jeune homme ? Il n'est pas bien grand, mais la taille importe peu dans la vie d'une personne, surtout quand la personne en question est en prison, quoique à savoir il ne mesure qu'un mètre soixante-cinq, juste de quoi amuser les plus grands et les plus robustes. D'ailleurs s'il y a bien une chose qu'il déteste et à laquelle il réagit c'est quand on parle de sa taille ou de son poids qui n'est pas très gros il faut l'avouer. Son corps mince suscite de nombreuses acclamations, c'est pour cela qu'il porte souvent des habits amples pour masquer les formes qu'il a héritées depuis son adolescence. Le corps de Judas est si bien proportionné et si élancé qu'on pourrait qualifier ici comme féminin. Des jambes fines, des hanches pleines et un torse plat, le tout accompagné par des cheveux ébène coiffés en mèches ondulées. C'est un atout qu'il a beaucoup utilisé pour séduire quelques années auparavant, mais qui maintenant lui sert plus à rien.

Mise à part cela, si nous nous dirigeons dans le physique plus intime de notre jeune homme nous pouvons découvrir de magnifiques piercings bien placés (bandes de coquins), signe de sa rébellion lorsqu'il a acquis la majorité ou encore quelques tatouages faits dans le plus grand des secrets.

Son physique lui importe peu tout comme ses sentiments et ceci est une bonne transition pour passer à la suite. ♥

Depuis plus de trois ans Judas ne parle plus, certains pensent même qu'il ne parle aucune langue, même le jour de sa condamnation il n'a même pas lâché un mot pour se défendre. Par fainéantise ou pour une quelconque autre raison ? Personne ne sait réellement sauf lui. Enfermé dans un mutisme profond qui le pousse à se sentir totalement absent et dans ses pensées Judas ne fait pas du tout attention à ce qui l'entoure. Il bouscule des personnes, oubli de regarder dans les yeux par politesse et se ferme dans son propre univers jusqu'à en oublier de parler et de répondre lorsqu'on lui pose des questions, ce qui assez-il tout étant lui pose énormément de problèmes et de bagarres, qu'il perd souvent en plus de ça.  Car il ne faut pas se voiler la face la force chez lui est totalement absente, quoique inexistante.

Instinctivement il se pousse à aider quelques personnes pour la bonne forme, mais restera souvent dans l'oubli de la scène, se faisant petit et se perdant dans les méandres de ses songes, un peu comme une plante verte de décoration. Pourtant à part cela il n'est pas quelqu'un de méchant, mais plutôt de maladroit. Il ne sait pas vraiment exprimer ce qu'il ressent : Que ce soit peine ou joie il n'a jamais le mot pour qualifier son statut mental. D'ailleurs, il n'est pas doué aussi pour exprimer un contentement ou non. Juste un froncement de sourcil et le tour est joué.

C'est l'éclipse totale dans la tête de notre jeune homme, dénué de très peu d'émotion il n'en est pas moins humain. Et parfois, si quelque chose arrive à attirer son attention il se surprend à sourire, avec les yeux du moins, car même si ses lèvres pulpeuses sont à envier, elle ne s'étire pas pour autant dans un rictus d'émerveillement.  De plus, il arrive à Judas de penser à quelqu'un qui arriverait à le faire sortir de ce mutisme, de ce silence qui l'entoure. Cela l'empêche pas d'avoir quelques qualités et quelques défauts, comme tout le monde.

Il peut être généreux et se priver pour quelqu'un qui en vaut le détour, d'ailleurs il n'est pas quelqu'un de rancunier et pardonne très vide. D'autres choses à dire ? Eh bien, peut-être qu'il y aurait d'autres choses à dire si notre prisonnier s'ouvrait plus, à prendre ou à laisser.

(Ah, j'allais oublier. Il est (un peu, beaucoup peut-être) maso, mais ceci n'est qu'un détail.)
♥

L'histoire de Judas n'est pas une histoire à raconter comme un mythe, ni comme une légende. Il est né en Allemagne de ses parents allemands avant d'avoir déménagé en Angleterre alors âgé de trois ans Comme un bon nombre de personnes vues comme "dangereuses à autrui" il a passé le plus clair de son temps entre les hôpitaux, les médecins et sa famille. Ils pensaient tous, autour de lui, qu'il avait des actes anormaux. Des actes meurtriers. Alors qu'il enterrait des animaux morts pour qu'ils reposent en paix on pensait qu'il avait tué l'animal et qu'il essayait de cacher les preuves. Alors qu'il revenait les bras en sang après s'être simplement bagarré on croyait qu'il cherchait à se suicider. Beaucoup de choses qui ont forcé notre jeune brun et cesser la parole. Personne ne le croyait ou osait le croire alors Judas n'a fait qu'une seule chose dans sa vie : Arrêter de parler pour que personne n'ose dire qu'il ment. C'était du quitte ou double et à l'époque il n'avait pas trop le choix, de grès ou de force on l'emmenait voir des spécialistes.

La peur, l'angoisse. Ses parents faisaient tout pour éloigner le petit Judas du domaine familial et lui ne faisait rien pour les empêcher. Et c'est ainsi que Judas grandit. Dans l'inconfort d'une famille et parfois des hôpitaux. Mais, car ce mais est utile dans ce genre d'histoires farfelues. Cela ne s'arrête pas à là. Ce n'est que quelques années après sa vingtaine que le point culminant de cette histoire fut touché.

Il passait encore dans un hôpital, péruvien de surcroît, un mois de juin, quoi de plus tranquille ? Et c'est là que son premier homicide, et le seul, fut commis. Involontairement il avait tué l'une des infirmières péruviennes. Il ne se rappelle même plus comment, mais il se savait non coupable, c'était un accident, mais à cause de ce qu'il était. Un monstre au silence tordu. Il fut envoyé en prison pour homicide volontaire. L'ironie de l'histoire c'est qu'il a juste accepté son destin, comme un pantin du destin. Et qu'aucun membre de sa famille n'a cherché à l'aider ou à le sortir de sa misère.  

Un jour la Parque, tendra, mesurera et coupera le fil de sa vie et il mourra, mais avant ça il vit et il vit dans une prison pleine de gens plus tarés les uns que les autres. Comment trouver son bonheur dans un ramassis de conneries ? Qui sait, la réponse est peut-être chez vous, mais pas chez lui.  ♥

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