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 Une douce odeur [PV Lawford A. Yuan]

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Symington Clyde

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Symington Clyde
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MessageSujet: Une douce odeur [PV Lawford A. Yuan]   Une douce odeur [PV Lawford A. Yuan] EmptyLun 11 Mai - 2:40

Une douce odeur
Feat Lawford A. Yuan & Symington Clyde
Toc, toc, toc. C'est le bruit que ça faisait, quand on le transcrivait en parole, lorsque ma main se cognait contre la porte. Toc, toc, toc. C'pas très agréable, ça fait même mal en réalité. Toc, toc, toc. Ma peau rougit, change du blanc pour le rouge à chaque coup et, plus je cognais, plus ces teintes rougeâtres se répandaient. Toc, toc, toc. Ça faisait un moment, je crois, que je frappais et donnais des coups à cette chose en bois, ce truc appelé « porte » qui bloquait le chemin jusqu'à son bureau et à la nourriture. Toc, toc, toc. Mon oeil bleu descendit lentement jusqu'à la poignée, l'attrapant à nouveau avant de tenter de la tourner. Mais elle ne s'ouvrait pas ; elle se bloquait en chemin, arrêtait de tourner en faisant des cliquetis. J'avais beau forcer, ça ne voulait rien savoir. Pourtant, d'habitude, ça s'ouvrait tout seul. C'était même souvent entrouvert et j'avais qu'à la pousser. Un peu incertain, je lance un regard à cette plaque métallique - elle était toute grise et reflétait la lumière directement dans mon oeil, ce n'était pas vraiment agréable. Je ne m'étais pourtant pas trompé, les gribouillis étaient bien les siens, ceux qui représentaient son nom. C'était les mêmes que d'habitude. Ils avaient les mêmes courbes et les mêmes lignes droites.

Clyde était simplement là, fixant obstinément la porte menant au bureau d'Holguin J. Faust. Encore et encore, il tournait la poignée comme s'il pensait qu'elle s'ouvrirait soudainement, qu'il y aurait un déclic magique et, qu'ainsi, il pourrait s'engouffrer dans l'antre du gardien et déguster l'un de ces bons repas. Seulement, évidemment, ça ne fonctionna pas, et ce, peu importe le nombre de fois qu'il répétait le ménage. Peu à peu, sa silhouette changea, ressemblant davantage à un petit animal abandonné ou à un enfant perdu qui ignorait ce qu'il devait désormais faire. N'ayant d'autres idées, il s'entêta. Il était hors de question d'aller à la cafétéria : la nourriture là-bas essayait de le tuer. C'était, au fond, une sorte de meurtrière en devenir. Depuis qu'il s'était étouffé avec l'une de ces affreuses boulettes de viande - est-ce qu'on pouvait réellement appeler ça de la viande? - gluantes et, en même temps, un peu trop solides pour être mâchées, il refusait catégoriquement de se rabattre sur ce choix. Il n'était certes pas difficile quant à sa nourriture ; tant qu'elle s'avalait et qu'elle comblait la douleur au fond de son estomac, il pouvait très bien s'en contenter, son goût lui importait peu. Seulement, quand ça l'essayait de le tuer, là, c'était une tout autre histoire. Et puis... quand il pouvait avoir accès à quelque chose de délicieux au lieu de devoir se taper les plats dégoutants de la cantine, il n'y avait pas à y penser à deux fois.

Clic, clic, clic, c'est ce que la poignée faisait. Encore et encore. Je ne sais pas si je préférais les « toc, toc, toc » ou les « clic, clic, clic », mais l'un ou l'autre signifiait que je ne pouvais ouvrir la porte et que je devais attendre qu'il vienne l'ouvrir. Mais il ne venait pas. Le temps passait et il n'arrivait pas. Le temps passait et mon ventre était de plus en plus douloureux. J'avais l'impression qu'il se retournait, se serrait sur lui-même. Ça, j'aimais pas ça. Pourquoi il était pas là? Il était toujours là pourtant. Quand on était libre et pas dans les cellules, j'avais qu'à venir ici et il était là, un plat m'attendant toujours. Il était souvent déjà prêt et réchauffé - mais je préférais quand il m'attendait pour réchauffer le plat. Ce qu'il appelle « micro-onde », je voulais l'observer. Ce truc qui faisait du bruit et de la lumière, puis un long « biiiip » et qui rendait les plats chauds et, souvent, trop chauds même pour ma langue qui se brûlait au contact des bouchées. Je devais toujours souffler dessus ou attendre en fixant l'assiette.  

Ces bruits qu'il provoquait en malmenant la porte, Clyde n'avait pas remarqué qu'il avait attiré un petit attroupement de gardes qui, quant à eux, le dévisageait. Enfin, la majorité le connaissait, certains le considérant même comme un p'tit chat errant qui venait quémander sa pitance à Faust chaque jour. Seulement, aujourd'hui, il était tout bonnement absent et, cette idée qu'il n'était pas toujours présent, ça ne semblait vraisemblablement pas entrer dans la tête de l'animal de compagnie. Un gardien s'approcha, voulant poser sa main sur le détenu tout en lui ordonnant de foutre le camp et de cesser son vacarme. Cependant, l'un de ses collègues le retint, lui faisant signe de ne pas le toucher. La plupart savaient bien ce que ça donnait. Et ils préféraient éviter. L'un des gardiens lui hurla presque de cesser son vacarme. Toutefois, cela passa six pieds au-dessus de la tête du jeune homme, ne l'ayant visiblement pas entendu. Ou peut-être que si, sauf que c'était le cas, il l'ignora royalement. Alors que l'un deux perdait patience et qu'il se disait au diable le conseil de ne pas toucher Clyde - ce n'était qu'un détenu! -, le prisonnier releva le menton, semblant humer l'air sans toutefois délaisser immédiatement la poignée, ses doigts entourant toujours le métal. Il lança un regard à la porte, puis à un point invisible aux autres, à nouveau à la porte et une dernière fois à cedit point. Il abandonna finalement le bureau de Faust sous le regard incrédule de plusieurs gardiens où on pouvait presque apercevoir un gros point d'interrogation au-dessus de leur tête. "Dites... Il a pas une case en moins celui-là?"

Ça sentait bon. Mais vraiment bon. C'était une douce odeur que je n'avais jamais sentie auparavant. J'ai une bonne mémoire euh... offactive? Olfactive? Alfactive? - je ne me souviens plus exactement du mot... mais il me semble que ça ressemblait à ça, les hommes dans les champs en avaient parlé une fois, seulement, le bruit du moteur du tracteur avait couvert la majorité de leur discussion et j'ai manqué une ou deux lettres du mot. J'étais aussi certain que c'était l'odeur de la nourriture parce qu'une odeur aussi bonne ne peut pas être autre chose que celle de la nourriture. Ça me donnait aussi l'eau à la bouche - d'ailleurs, je n'ai toujours pas compris cette expression. Pourquoi on disait l'eau à la bouche, tandis que ce n’est pas de l'eau qu'on va manger ni même ce qu'on veut (ça se boit ça, ça se mange pas). On veut quelque chose de solide qu'on mâche. Je veux pas boire, je veux manger, me nourrir, remplir mon ventre d'un truc solide. Donc, d'où ça sortait? Je me pose encore la question des fois et j'ai beau la retourner dans tous les sens, cette expression n'a vraiment aucune logique. Si oui, il faudrait me l'expliquer. Sauf que ça, ça ne risquait pas d'arriver puisque poser la question signifierait parler avec une autre personne. Et je n'ai certainement pas envie de parler avec quelqu'un.

Ses pas le conduisirent jusqu'à un autre bureau, assez proche de celui de Faust. Instinctivement, il avait simplement suivi l'arôme qui venait chatouiller ses narines et tourmenter son estomac, le titiller. Machinalement, il lança un regard à une plaque grisâtre où d'autres gribouillis aussi incompréhensibles étaient inscrits. Par réflexe, il les observa un instant, cherchant à assimiler ces lignes et ces courbes sans savoir ce qu'elles représentaient. C'était une chose qu'il ne vouait pas s'avouer ; ce désir flagrant de vouloir apprendre à les connaître et à les différencier. Il ne perdit pas tant de temps à les contempler, à peine quelques secondes, avant de pousser la porte déjà entrebâillée. La fragrance s'évadait d'ici, ça, il en était certain. Son odorat ne lui jouait pas de tour. Sans plus de façon, sans demander, sans regarder autour de lui, il entra dans la pièce. C'était ouvert, alors pourquoi n'aurait-il pas eu le droit d'en traverser le seuil? À l'intérieur, il aperçut rapidement ce qui sentait si bon. C'était pourtant de simples scones anglais qui trônaient sur une assiette à côté d'une tasse qui, quant à elle, était emplie de thé. Sans hésiter, il s'approcha en entendant à peine la musique apaisante qui se jouait en arrière-plan. Il n'avait en tête qu'une seule idée : se nourrir et faire taire son putain d'estomac.

Je me penchai pour observer la nourriture, la poussant du bout d'un doigt sans trop savoir de quoi il s'agissait. Je n'avais encore jamais mangé ces choses. Cependant, l'odeur, elle ne semblait pas vraiment venir des biscuits (?), mais plutôt de la tasse d'où s'échappait de la buée. Doucement, j'approchai mes doigts de la porcelaine, m'assurant que ça ne soit pas brûlant - je savais bien ce que ça signifiait lorsqu'il y a de la vapeur qui danse au-dessus de la nourriture ou d'une boisson! Hm, ça allait. C'était chaud, mais je pouvais la tenir dans mes mains. Donc, je l'emmenai à mes lèvres et j'y trempai tout de même pour commencer le bout de ma langue. Je voulais m'assurer que tout allait bien - et j'avais vraiment envie de savoir si le goût était aussi bon que l'odeur le laissait entendre. Je manquai d'échapper la tasse, non, ça allait pas, c'était chaud, c'était bouillant. Ça ne faisait que mal et je n'ai franchement rien goûté. Je tirai la langue la laissant sortie. Ça aidait, l'air aidait à calmer la douleur. "Hnnn" Ha oui, c'est vrai, je devais souffler avant de prendre une gorgée.


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MessageSujet: Re: Une douce odeur [PV Lawford A. Yuan]   Une douce odeur [PV Lawford A. Yuan] EmptyMer 13 Mai - 5:55

Il y a des journées qui puent la merde. Des jours où même le plus optimiste, le plus confiant et le plus joyeux des hommes tire une sale tête, alors maintenant imaginez la mienne lors d'une journée comme celle-là. Levé tôt, j'avais voulu commencer la journée avec mes entraînements habituels, jusqu'à réaliser que mes vêtements de sport étaient tous sales. Flemmard dans l'âme, je mis tout à laver et tentai de retourner dormir, sans succès. Tant pis alors, direction la douche... Dont l'eau chaude avait décidé de se barrer pour ce matin, pourquoi pas. Tant qu'à me faire chier, autant ne pas le faire à moitié. Ah, tiens... Un lavage à l'eau chaude en même temps de prendre sa douche c'est peut-être un peu con. Un grognement rageur et une clope allumée plus tard, je m'étais essuyé en vitesse avant d'enfiler mon uniforme de gardien. Tant pis si j'étais en avance, ils auraient qu'à endurer ma tronche un peu plus longtemps. J'avais donc sauté sur mon vélo sous une pluie battante et, deux cigarettes détrempées et une demi douzaine d'injures chinoises plus tard, j'avais enfin pu m'enfoncer dans le couloir de la prison avec des souliers glissants qui faisaient des couiiic à chacun de mes pas, le regard sévère et les cheveux plaqués contre mon visage. Maintenant en territoire familier, tout allait bien se passer, non? Ouais, non. Il fallait absolument qu'un petit nouveau passe dans le corridor à la course, qu'il me bouscule sans faire exprès devant toute une rangée de cellules et que le planché bien lisse me fasse un doigt d'honneur. Pas grave, devant tous ces rires à vous écorcher un boeuf, je décidai de rester assis, au milieu du couloir, dans ma flaque d'eau de pluie, et de m'allumer une clope tout en fixant un point invisible de mes yeux bleu acier. Au final, les rires s'étaient calmés plutôt rapidement et l'un des prisonniers m'avait même demandé si je comptais terminer ce poison fumant. Lui laissant l'équivalent du Saint-Graal, je me relevai finalement avec un soupir, me disant qu'après tout ça la journée ne pourrait pas être pire.

Je ne vous raconte pas le soulagement lorsque je me laissai tomber sur la chaise de mon bureau, me fichant bien de la tremper au passage, rejetant la tête vers l'arrière. Tout d'abord faire le tour des cellules, m'assurer que tout le monde était bien là où il le devait, puis superviser l'heure de sport et finalement laisser tout ce beau monde libre de leurs mouvements le temps d'aller manger et de partager je ne savais quels ragots. Qu'est-ce qu'il y a à se raconter dans une prison de toute façon? Comment le garde trop con a glissé devant tout le monde? Ouais, j'allais sûrement être une star ce midi là, joie. Nouveau soupir. Aller, je devais me mettre à l'ouvrage maintenant, et avec un peu de chance mon air de tueur viendrait convaincre les prisonniers que ce n'était pas la bonne journée pour faire chier et proclamer que "Avec ces yeux là, tu arriverais à attraper le ballon de basket, chin'toc?". Ah les salopards, au fond ce serait peut-être bien qu'ils s'amusent à faire chier aujourd'hui, moi aussi je pourrais en profiter un peu. Enfin, j'aurais pu. Bordel, pourquoi j'étais intègre moi merde?!

***

Je me fis craquer le cou, traînant des pieds pour retourner à mon bureau. Les premières tâches de la journée étaient faites, les détenus commençaient tout juste leur pause nourriture et cela voulait dire que j'avais moi aussi droit à ma pause, laissant le soin à d'autres de surveiller ces petits malins qui trouvaient toujours le moyen de vous lancer leurs petits pois pour voir combien de temps vous alliez résister avant de leur en coller une pour qu'ils puissent gueuler comme des truies qu'on égorge que vous faites du putain d'abus de pouvoir. J'adore mon travail. Enfin, j'avais quand même mon propre bureau et, pour le coup, j'étais bien content d'entendre les premières notes de You Cai Hua résonner contre les murs. Ne me restait plus qu'à faire bouillir un peu d'eau, sortir mes scones et m'installer avec ma gameboy pour faire quelques niveaux à Pokémon pendant que le thé refroidissait assez pour être bu. Enfin un programme que j'aimais, me dis-je en versant l'eau brûlante dans ma tasse habituelle, spécialement choisie pour le travail, blanche et décorée de fleurs bleues, grand classique. J'en avais trois sets pareils à la maison, donc pas de danger qu'elle me manque si jamais elle se brisait. Cette étape derrière moi, j'enclanchai le bouton power et de petits bips commencèrent à chanter le thème de Pokémon, que je fis taire rapidement avec le bouton du volume. Hors de question que cette genre de sonnerie en huit bits ne vienne gâcher ma musique. Plus qu'à sélectionner ma partie sauvegardée et à commencer à jouer lorsque... L'écran redevint vide, pour le grand déplaisir de mes yeux qui clignèrent plusieurs fois, le bleu gris de mes iris devenant plus perçant. Les batteries étaient mortes? Ces satanées piles AA s'étaient liguées contre moi en même temps que le reste du destin aujourd'hui?!

Calme. Restons calme. Je fis tourner ma chaise sur roulettes et ouvris un tiroir, y abandonnant au hasard les piles usagées, fouillant dans le tas pour en trouver des neuves. Le grand désavantage, avec ce système de classement totalement inexistant, c'est que dans ces jours de merde où rien ne fonctionne, aucune de ces merdes n'a de raisons de fonctionner non plus. Et comme si ce n'était pas assez, juste au moment où j'allais perdre patience, on vint cogner à ma porte. La rage dans l'âme, mes orbes anthracites dévisagèrent l'arrivant qui semblait avoir déjà sa part de pression sur les épaules. Balbutiant, nerveux et visiblement effrayé, il me demanda de venir les aider, parce qu'un prisonnier avait décidé de lancer une bataille de bouffe dans la cafétéria et, bien sûr, ça avait dégénéré en bagarre générale et quelqu'un avait besoin de distribuer des coups pour calmer les esprits. Bien! Pourquoi pas tiens! Nunchaku à la ceinture, je me levai d'un bond, délaissant jusqu'à mon thé et ma console portative, avalant la distance me séparant de la cafétéria à grandes enjambées. À l'intérieur, plusieurs collègues étaient déjà en train de lutter et je pu presque sentir leur soulagement lorsque j'ouvris à la volée les doubles portes, frayant mon chemin dans la foule en distribuant des coups ici et là, cognant une tête contre une table au passage, retirant un couteau de plastique à un prisonnier ayant de l'envoyer au sol d'un balayage. Il ne me fallu pas longtemps de ce manège avant de repérer le responsable, un prisonnier plus grand que moi et aux larges épaules, bien que l'oeil hagard et le ricanement idiot. Ses petits yeux vitreux semblèrent osciller entre la panique et la satisfaction en me voyant débarquer, mais cela n'allait pas tarder à changer. Si l'on veut tuer un serpent, il faut lui couper la tête et je n'allais pas me gêner. Ils auront qu'à y penser à deux fois avant de foutre le bordel pendant ma pause.

Prenant la pose, il leva les poings devant son visage et fléchi les genoux, me faisant face avec bravoure alors que, tout autour, la baston semblait se calmer. Les regards convergeaient vers nous et mon air fermé, presque ennuyé, ne semblait pas faire plaisir à mon adversaire. Tseuuh, petit joueur. Premier coup, du pied, enfoncé dans le côté de son genou alors qu'un scklaangrh retentit, accompagné d'un cri de mort du détenu dont les yeux se revulsèrent, ses mains abandonnant sa garde pour tenter de m'agriper alors qu'il chutait. Deuxième coup, en plein sternum, pour lui couper le souffle. Pas de mouvement inutile, juste un petit coup sec et très précis qui colora son visage de rouge alors que sa bouche commença à s'ouvrir et à se fermer en glapissements étranglés. La touche finale, je l'attrapai par les cheveux d'une poigne de fer et, à plusieurs reprises, avec toute la délicatesse d'un chien enragé, je lui fracassai le visage sur une table, au milieu d'éclats de pomme de terres, un petit morceau de steak lancé plus loin dans la maneuvre et qui s'écrasa au sol avec un léger ploc presque comique. Je n'arrêtai que lorsque je vis le sang maculer la table et que j'entendis le bruit des bulles de sang dans la gorge du prisonnier, douce musique accompagnée des mains devenues folles, battant l'air avec tout le contrôle d'une poule sans tête. Libérant ma proie de ma prise devenue moite, je décrochai une paire de menottes à ma ceinture pour lui empêcher toute contre attaque, simple procédure, et me détournai de lui, le visage toujours aussi impassible que quand j'étais entré.

- C'est la cellule d'isolement pour lui. Je veux l'entendre chialer jusque dans mon bureau au moins une petite heure avant que vous ne l'envoyiez à l'infirmerie. Quelqu'un d'autre ou je peux aller manger en paix?

Il y avait bien encore quelques cons pour faire chier, mais la majorité des prisonniers avaient compris le message et j'estimai mes collègues suffisamment compétents pour que la situation puisse être réglée sans plus d'intervention de ma part. J'étais tout de même en pause après tout et le zèle ne me réussissait pas très bien. Soulagé d'avoir pu bouger un peu, c'est d'un pas plus léger que je regagnai mon bureau, croisant au passage un autre groupe de collègues qui semblaient bien intrigués. Ne me dites pas qu'il y avait eu un autre truc venu me pourrir la vie pendant que j'étais parti faire un peu de discipline?! Je poussai la porte, entrant dans mon bureau pour trouver un jeune homme roux, presque un garçon à dire vrai, les lèvres pressées contre le rebord de ma tasse de thé. Génial. Il ne me manquait plus que ça. Un prisonnier borgne avait décidé de venir boire mon thé, parfait. À dire vrai, je n'en avais plus rien à faire.

- Tu me diras s'il est bon. Je serais pas étonné que de la mort aux rats soit tombée dedans pendant que je regardais pas, il m'arrive que des crasses aujourd'hui.

Confiais-je tout en m'allumant une clope, essuyant au passage ma joue maculée d'un peu de sang. J'en avais aussi sur la manche, mais celui-là ne partirait pas aussi facilement, dommage. Contournant le jeune, j'allai m'asseoir derrière mon bureau, retrouvant le confort de ma chaise pendant que je pouvais me le permettre. Puis, après avoir relâché d'épais volutes de fumée, je détaillai l'intrus de mon regard d'acier, l'air un peu songeur.

- C'est quoi ton nom? Et pourquoi tu grattes pas à la porte de Faust aujourd'hui?
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Symington Clyde

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MessageSujet: Re: Une douce odeur [PV Lawford A. Yuan]   Une douce odeur [PV Lawford A. Yuan] EmptyMar 19 Mai - 5:46

Une douce odeur
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Ça picotait, ma langue. Le bout que j'avais trempé dans le liquide brûlant, quand je le tirais en dehors de ma bouche et cherchais à l'apaiser avec l'air, c'était parcouru de picotements, comme si l'on plantait quelque chose de pointu dedans. Des aiguilles! Ça me faisait penser à des aiguilles à coudre qui s'enfoncent dans la peau à répétition. Mon père avait fait ça, une fois, avec ma main. Ça faisait longtemps, j'avais eu le temps de voir plusieurs hivers passé et, maintenant, ça avait bien cicatrisé. Ça ne se voyait presque plus. J'en avais oublié la raison. Je me rappelle seulement que ça faisait mal et que j'avais crié - j'en avais perdu la voix et ma gorge était, comment dire... j'avais l'impression qu'on l'avait raclée, râpée, écorchée? Enfin, c'était toujours moins douloureux que les brûlures de cigarette. Celles-là, c'était franchement insupportable et je me tenais bien caché dans le fond de mon placard dès qu'il en avait une aux lèvres. Pas question que je m'en approche. Ça, non. Ça prenait du temps à guérir et ça ne partait pas, ces marques de brûlure. Je ne pouvais pas non plus marcher après coup parce qu'il éteignait toujours les mégots sous mes pieds. J'en ai des cicatrices partout, à cause de ça. Même le petit orteil n'a pas été épargné. Ni le gros, ni le moyen, aucun en faite. Ils ont tous au moins un rond plus pâle. Le talon aussi. Et entre aussi. La peau sous mes pieds en est couverte. Le gauche comme le droit.

Clyde sortait et entrait sa langue, tentant de trouver ce qu'il y avait de mieux pour apaiser la petite douleur. Il avait ce qu'on pouvait appeler une langue de chat, très sensible à la chaleur, ayant eu pour habitude depuis qu'il était jeune de ne manger que des restes froids. Les repas chauds étaient un luxe auquel il n'avait eu accès que récemment. Pas qu'il s'en plaignait, au contraire. C'était souvent bien meilleur ainsi. Seulement, il n'y était toujours pas accoutumé et il était parfois pris par surprise comme en cet instant. Et il n'y avait pas que la chaleur qui l'avait pris de court, cette odeur si agréable et relaxante faisait à son tour sa part des choses. Maintenant qu'elle était si près de son nez, il pouvait la humer aisément et profiter de l'arôme. Étrangement, ses muscles se détendaient et le peu de tension qu'il avait se calmait elle aussi à son tour. Sans trop en comprendre la raison, d'autant plus que, pour le moment, tout ce que le thé avait réussi à accomplir de manière concrète était de malmener ses pauvres papilles gustatives, il se dit qu'au fond c'en était agréable. Ce type de sensation, il l'avait rarement ressenti et, les rares fois où elle avait engourdi ses membres, c'était en présence de sa sœur cadette. Pris dans ses pensées, il ne se rendit même pas compte de l'entrée en scène du garde, de son arrivée et, même lorsque sa voix résonna, cela prit un petit moment avant qu'il ne réalise sa présence. Elle s'était mélangée au fond sonore, à la musique ambiante.

Une ombre. Il y avait une ombre qui couvrait le bureau. Ha, ça avait la forme d'une personne aussi, son contour je dirais. Une silhouette, je crois? Pas que c'en était important, dans le fond. Ce qui m'intéressait, c'était bien cette drôle de boisson. Je levai la tasse, me penchant pour avoir une meilleure vue en dessous. Non, ça ne m’aidait pas. Je la ramenai à la hauteur de mes yeux, la tournant en rond pour l'observer. Pourquoi des fleurs? Pourquoi il y avait des fleurs bleues sur la tasse? Pourquoi ce n’était pas simplement tout blanc? Ce n’était pas moins compliqué de faire le tout uniforme? De la même couleur? Je me mis sur la pointe des pieds (même si, maintenant que j'y pense, je n’en avais pas besoin), regardant à l'intérieur par le haut. C'était verdâtre, un peu brunâtre? Ce n'était pas de l'eau, ce n'était pas du lait, ce n'était pas du café - je l'avais vu en prendre une fois - et ce n'était pas du jus ou de la liqueur - c'était chaud, pas froid, alors... Hm, hm, c'était quoi au juste? Les picotements sur ma langue semblaient s'être calmés, alors je soufflai sur le liquide cette fois avant d'en prendre une gorgée. Ha, là c'était bon. Une douce chaleur descendait dans ma gorge. C'était agréable. Apaisant. Ça avait un bon goût. Donc j'en pris une seconde gorgée, plus longue que la première. Puis une troisième et une quatrième jusqu'à ce que ce soit vide. Je fixai le fond de la tasse, sentant une pointe de déception (je pense qu'on appelle ça comme ça) monter en moi, j'aurais aimé qu'il y en ait plus. Je lançai un regard à l'assiette et les biscuits, enfin, ça ressemblait à des biscuits. Est-ce que c'était aussi bon?

Durant tout ce petit manège, l'expression du jeune rouquin n'avait pas changé d'un seul iota, son œil bleuté restant impassible et inexpressif. Il s'était plus ou moins rendu compte de la présence du gardien, seulement, il n'avait vu aucun intérêt à manifester ce fait. Il ne le dérangeait pas, étant simplement un élément du décor à son humble avis. Pour lui, il valait tout autant qu'une plante verte ou une lampe. Il donnait à l'homme la même considération, à l'exception que lui pouvait bouger volontairement. Il n'avait pas besoin qu'une personne le déplace. Et il ne faisait pas de la lumière, ce qui était pourtant bien utile. Machinalement, il déposa la tasse sans regarder où exactement, son regard se portant désormais sur les scones. Ainsi, la porcelaine, une fois qu'il relâcha la poignée, vacilla entre la gameboy et le bureau avant de finalement perdre l'équilibre précaire qu'elle avait, tombant en direction du sol après un petit roulement. Le bord du meuble n'était après tout pas bien loin. Et ça, Clyde ne le remarqua pas, ni ne s'y intéressa, chopant plutôt rapidement l'assiette avant de se reculer de quelques pas. La fumée de la cigarette l'avait fait toussoter doucement, ses poumons n'étant pas très amis-amis avec celle-ci. Il avait toujours fait un peu d'asthme et la poussière tout comme cettedite vapeur venimeuse avait l'affreuse tendance de déclencher une petite toux chez lui - autant dire que, quand il était jeune, il ne faisait que tousser et tousser dans son placard malpropre. D'autre part, la simple odeur du tabac lui nouait l'estomac, faisant remonter de mauvais souvenirs qu'il le veuille ou non. Il les taisait toujours du mieux qu'il le pouvait, les ignorant, mais ils étaient bien là, tapis et attendant simplement le bon moment pour l'assaillir.

"Kof, kof, kof." Je reniflai, venant frotter mon nez du revers de la main. Il me piquait et me donnait envie d'éternuer. Je reniflai une seconde fois, bougeant les narines à gauche, puis à droite. "Hn" J'ouvris la bouche, retenant mon début d'éternuement du mieux que je pouvais, mais je finis toute de même par le faire. "A-a-a-atchoum!" Ça retentit, résonna entre les murs, alors que je m'étais replié sur moi-même, jetant mes postillons - je pense que c'est le bon mot, ça vient de postillonner, non? - au sol. Je ne voulais pas gâcher la nourriture. Surtout si elle était aussi bonne que la boisson. Seulement, en bougeant si brusquement, bah, les biscuits ont tenté de tomber de l'assiette et de me fausser compagnie. Alors moi, je tentai de les rattraper pour qu'ils retombent dans le plat. Sauf que j'ai tombé. Je me suis trop penché vers l'avant pour les récupérer. Et j'ai tombé. À plat ventre. Dans un « paf » un peu trop bruyant à mon avis. Mais les biscuits sont sauvés. Ils ont atterri dans l'assiette - quoique, même s'ils étaient tombés sur le sol, je les aurais quand même mangés. Je n'ai jamais compris pourquoi les gens les jetaient à la poubelle une fois qu'ils avaient touché le plancher. S'ils sont un peu sales, t'enlèves la saleté et le secoues. Ça reste bon. Ça ne change rien au goût.

Clyde embrassait presque le ciment, le nez et le front tout contre. Il se redressa, le pif d'un rouge flamboyant, ne s'étant certes pas manqué. Assis à terre, un peu paumé, il fixa les scones intensément. Il en attrapa un de ses deux mains, le tenant comme s'il avait peur qu'il s'échappe de sa prise, s'enfuit en prenant ses jambes à son cou. Il le porta doucement à ses lèvres, le grignotant à la manière d'un écureuil avec ses noix. Il releva le menton, daignant lancer un regard au garde de son œil vide, l'apercevant à peine à cause du bureau, et il devait alors relever un peu plus la tête. Maintenant, il avait son attention. Tout du moins, l'avait-il un tant soit peu à cause de cette cigarette qui le révulsait. Le jeune homme prêta un peu plus attention à ses paroles, les écoutant à moitié alors qu'il savourait les scones. Hm, oui, c'était franchement délicieux. Tout comme le thé. Il y a bien une partie qu'il retint et à laquelle il se donna la peine de répondre, après avoir dégusté son scone évidemment. La nourriture passait bien avant sa réponse. "... Pas là." Il avait fini par s'y faire ou, plutôt, par comprendre que Faust était absent - c'était bien pour cette raison qu'il s'était laissé guider par cette douce odeur et qu'il était allé chercher sa pitance autre part. Certes, ça lui avait pris un petit moment avant d'admettre ce fait et il espérait par ailleurs toujours pouvoir le croiser avant la fin de la pause midi, histoire d'avoir son repas. Il prévoyait y retourner, après avoir terminé son assiette.

"Pourquoi?" Cette question, elle m'avait échappé. Je n'avais pas tant l'intention de la poser en réalité, n'aimant pas trop engager la conversation avec les autres. C'était chiant. C'était crevant. Ça ne servait à rien. Je n'aimais pas ça. Sauf que voilà, ça m'intéressait. Et je voulais savoir si j'aurais droit à des pâtes ou du bœuf ou quoi que ce soit d'autre aujourd'hui ou si je devrais me contenter de ces biscuits. Quoique ce n'était pas plus mal, c'était vachement bon. Je n'avais pas tant précisé ma question, me disant qu'il pouvait très bien comprendre ce que je voulais dire. Il n'était pas idiot. Je crois. Il fallait être intelligent pour être un garde, non? Puisqu'il fallait avoir fait l'école? Donc, il devait être futé, je me trompe? Sans m'en rendre compte, je ne m'étais pas attaqué à un autre scone, mes mains s'étant plutôt installées sur le plancher frais. J'attendais, j'attendais qu'il me réponde tout en l'observant, ne bougeant plus.


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