Guarnicionero J. PieroDétenu
► DC : Symington Clyde & Vsevolod Varlaam • Date d'inscription : 13/04/2015 • Messages : 81 • Piercings et tatouages : Une larme sur la joue gauche, une étoile sur la joue droite de tatouées. Côté piercing, il n'y a bien que mes oreilles.
| Sujet: La magie des retrouvailles ♥ || PV Jenkins S. Jackson Ven 2 Oct - 1:59 | |
|
Les spectacles, tu les adorais et tu les aimais encore davantage quand tu étais celui qui en faisait la mise en scène, qui en dictait les actes. Tu en étais l’acteur, d’ailleurs, de tes scripts et tu te faisais une certaine joie d’attirer le regard des autres, d’accaparer leur attention durant un court instant bien éphémère. Te jouant de tes spectateurs, tu t’amusais de leurs yeux étonnés, de leur surprise, de leur incompréhension comme de leur émerveillement pour tes petits tours. [Même quand ce sont de grosses brutes au crâne rasé, tatoué, et aux bras faisant la taille de mes cuisses, ils ont toujours tendance à retomber en enfance sous la magie. C’en est presque touchant, attendrissant, comment il est aisé de leur faire oublier qu’ils sont des barbares pour avoir devant soi de vrais gamins.] Enfin, certains s’énervaient tout de même, peu heureux de ne pas comprendre, de ne pas saisir comment tu effectuais ces quelques tours que, toi, tu trouvais pourtant si basiques. Il suffisait de dévier leur attention sur autre chose, le temps d’effectuer ton escroquerie. Il suffisait d’être toi-même et les gens perdaient leur concentration, n’apercevaient plus ces petits gestes qui passaient dès lors dans l’angle mort. C’était des paris, chaque tour était en somme un pari, un jeu de dés. Et tu te plaisais à déjouer sans cesse le hasard pour en ressortir gagnant.
C’est ce que tu faisais, là, maintenant. C’était un moyen pour passer le temps et Dieu sait où tu t’es trouvé ce paquet de cartes, comment tu as mis la main sur celui-ci. Sauf que tu l’avais et tu te donnais alors en spectacle à qui voulait venir profiter de tes tours. Souvent, pour poursuivre et continuer à les divertir, tu demandais une clope en échange ou un morceau de pain, l’une des rares choses potables dans cette cafétéria, même si le goût restait bien fade et pâteux. [Je me questionne sérieusement sur ce qu’ils mettent dans les plats. C’est à se demander s’ils ne cherchent pas à tester un quelconque produit. Ça en a le goût, d’un médoc infect, ou peut-être qu’ils vident leur frigidaire et nous nourrissent aux aliments périmés au lieu de le donner aux rats. On est peut-être des cobayes, qui sait. On serait un beau troupeau de bétail, peu de gens se soucieraient si on se retrouvait six pieds sous terre avec les déchets. Ce serait peut-être un bon débarras pour certains. Hm, je crois que je vais arrêter d’ingurgiter ce qu’on nous sert au réfectoire et essayer de trouver un ami qui voudrait bien me nourrir. Parmi tous ces membres du personnel, il doit bien en avoir un qui voudrait passer un bon diner en tête à tête avec ma personne, les chandelles parfumées et les roses de mise. Ça serait bien si c’était une fille au passage d’ailleurs.] Et voilà que tes pensées divaguaient encore, que tu oubliais ce que tu faisais. Pas que tu aies réellement besoin de réfléchir aux gestes que tu posais, c’était devenu une part de toi-même, c’était instinctif, presque un réflexe que de faire passer les cartes entre tes doigts agilement, gracieusement. C’était tout un art que tu maîtrisais à merveille, il faut l’admettre.
Parfois, tu piochais parmi les détenus qui s’étaient attroupés autour de ta personne, venant demander à un ou à un autre de participer à ton petit tour. Tu demandais rarement des volontaires, tu préférais aller les chercher de toi-même, choisir avec qui tu parlerais et, alors, tu te faisais toujours un brin séducteur et charmeur dans tes paroles. C’est que tu avais tendance à adresser la parole à ceux qui te plaisaient, ceux dont tu aimerais bien passer un moment en fausse intimité, dans ce lit que tout le monde pouvait apercevoir à travers les trous des barreaux. Enfin, tu n’étais pas pudique et tu en avais un peu rien à carrer qu’on t’observe ou te siffle durant tes ébats. [Je te l’ai déjà dit, je crois, mais je ferais un excellent acteur pornographique. Je crois que j’aurais dû choisir cette voie en fait, elle me sied bien. Le hic, c’est qu’il faut penser au futur aussi et c’est bien plus dur de décrocher un contrat passé la quarantaine dans ce métier.] Il serait bien que tu réfléchisses un peu plus parfois, pour des choses réellement importantes quant à ton avenir. Au moins, si tu avais choisi de te lancer là-dedans, tu ne serais pas pour l’heure dans une prison avec ce paquet d’hommes puant la sueur et avec si peu de femmes décentes. Ça en était déprimant, non? Toi qui rêvais de passer tes mains sur des hanches généreuses, tu devais plutôt te contenter de hanches moins voluptueuses. Les femmes ne courraient pas les couloirs et elles étaient souvent bien occupées pour ton grand désarroi.
Enfin, revenons à nos moutons bien alignés devant toi, encore obnubilés par ton acte extravagant. Tu scrutais ladite foule à la recherche d’un cobaye pour ton prochain tour, tu passais chaque tête en revue en jouant à l’accordéon avec ton paquet de cartes. Tes yeux ambrés passèrent à gauche, puis à droite avant de s’arrêter soudainement. Tu haussas les sourcils, croyant reconnaître quelqu’un. Il était à l’arrière, peut-être ne faisait-il même que passer. D’où tu étais, assis sur l’une des nombreuses tables de la cafétéria, les pieds posés sur une chaise, tu avais une bonne vue. Un fin sourire se dessina sur tes lèvres, tu ne t’attendais pas à le croiser. Certes, tu savais bien qu’il était en taule, il s’était fait choper les mains dans le sac voilà déjà un an et demi. Toutefois, tu ignorais dans quelle prison il avait été incarcéré et tu devais t’avouer que tu ne croyais pas te retrouver au même endroit que lui. Ou, plutôt, cette simple possibilité ne t’avait jamais traversé l’esprit, ayant presque oublié son existence. Tu étais sélectif dans ce dont tu te souvenais. [Voyons, voyons, je ne l’ai jamais oublié, je n’ai simplement pas eu la chance de repenser à sa personne, voilà tout. J’ai été bien occupé, tu vois?] Ça fait déjà une semaine que tu es ici, tu aurais eu le temps d’y penser dans un recoin sombre de ta cellule. Quoiqu’il est vrai que tu ne pensais qu’à ennuyer ton nouveau colocataire.
Sans attendre, tu cessas ton manège avec tes cartes, les laissant se rejoindre dans l’une de tes mains comme si tu fermais ton accordéon, la musique de ces bouts fins de carton volant d’une paume à l’autre cessa à son tour. Tu levas l’une de tes mains, faisant de grands signes pour attirer son attention, si ce n’était pas déjà fait, alors que tu lui lançais dans sa langue maternelle ainsi que d’une voix forte, portante, mielleuse et taquine :
- Hey, darling, it’s been a while! How about a magic trick? ♥
|
|